Pont de la Tortière

Avant 1875, il n'y avait pas de pont sur l'Erdre entre Sucé sur Erdre et Barbin. On franchissait alors cette rivière au moyen de bateaux à vapeur, par exemple au niveau de Tournerond, comme le montre la gravure de 1840 ci-dessous :

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De 1876 à 1878, on construit un pont, au lieu-dit "la Tortière", pour franchir plus aisément la rivière, dans le cadre plus général de la construction des boulevards de contournement de la ville d'alors. Il s'agit d'un pont maçonné en pierre, de 3 arches.

le pont avec une rivière probablement en étiage (1895)                                    le pont avec l'établissement de fêtes "les Fleurs du Vénézuela" (début XXème)                              le pont en 1950 avec une maison de lavandières en arrière plan

Le choix de l'emplacement précis de ce pont peut paraître curieux car on a opté pour un site où la largeur de la rivière est plutôt large, alors qu'on choisit généralement des sites de traversée aux endroits les plus étroits possibles pour minimiser les coûts de construction de l'ouvrage. Mais dans ce cas de figure, c'est le plan général de la "rocade XIXème" qui a déterminé l'emplacement du pont à ériger.

Autre particularité singulière de cette construction : pour édifier le pont, on a détourné ponctuellement la cours de l'Erdre ; on a remblayé le cours de l'Erdre sur toute sa largeur et on a creusé la langue de terre à l'ouest pour faire passer le nouveau cours de la rivière! C'est plus clair avec le plan ci-dessous :

Pour donner une idée de l'ancien cours de l'Erdre à cette époque, il faut imaginer que la rivière allait alors jusqu'au bout du jardin de l'actuel bar-tabac "le Chalet" au 134 boulevard des Belges:

La construction de ce pont ne s'est pas fait dans un enthousiasme général. Plusieurs riverains voisins du futur pont ont émis des protestations car l'accès à la rivière avait été modifié par les travaux. En effet, le remblaiement massif opéré pour faire passer la voirie neuve du boulevard a occasionné un soulèvement des vases autour de ce remblai. L'entrepreneur retenu pour la construction du pont a lui aussi émis des protestations du fait du retard du chantier.

Le lit de l'Erdre était déjà assez vaseux au voisinage des berges. Cela était dû au faible courant de la rivière induit par les écluses situées en aval. Le tirant d'eau était faible avant la construction du pont, mais toutefois suffisant pour exercer des activités fluviales. Ainsi, les propriétés situées en bas de la Trémissinière (en amont du pont et en rive gauche) profitaient de l'accès à la rivière pour être le siège de laverie ou bien de plaisance nautique. Mais les vases soulevées se sont déposés de part et d'autre du nouveau remblai et ont provoqué un atterrissement dans les 2 anses de la rivière.

Les riverains de l'anse située à la Trémissinière ont protesté aupres de la mairie. D'une part, les Sieurs Alcide et Félix Huron-Durocher, qui avaient investi dans cette propriété et l'avaient aménagée en laverie ne pouvaient tirer location de leur bien de rapport car l'activité de laverie n'était plus aussi facile à mener : pomper l'eau au milieu des vases soulevées n'était pas possible! D'autre part, le Sieur Bligné ne pouvait plus stationner son bateau au bord de sa propriété de loisir. Ces riverains ont donc demandé, à partir de 1882, un dédommagement à la mairie, puis devant le Préfet de Loire-Inférieure. Le Conseil de Préfecture a tranché et a contraint, par arrêté du 8 juillet 1887, la mairie à payer 14 250 FF à MM Huron-Durocher et 3 000 FF à M Bligné.

L'entreprise adjudicatrice des travaux de voirie et d'ouvrage d'art s'est, quant à elle, plaint du retard occasionné par non libération, en temps et en heure, des terrains d'assiette des nouveaux ouvrages. En effet, les acquisitions foncières sur les parcelles de M Touchy avaient pris un retard important et ont contraint l'entrepreneur Brimaud, demeurant à Châtellerault, à sursoir ce chantier. Il demandait donc des indemnités pour les inconvénients liés à ce délai. Finalement, un accord sera trouvé, le 24 juin 1879, entre la mairie et M Clément Brimaud par le versement d'une indemnité de 11 000 FF.

Dès les années 1960, l'augmentation du trafic routier pousse les pouvoirs publics à envisager une augmentation des capacités de circulation des voies et ouvrages d'art. Ainsi, il est envisagé de créer une autoroute pour pénétrer par le nord dans le centre-ville, projet qui s'accompagne inévitablement d'une augmentation des dimensions du Pont de la Tortière. Les années 70 seront le temps de débats récurrents entre l'Etat et la Ville sur l'opportunité de cette pénétrante et aussi sur le gabarit de l'ouvrage. Finalement, en 1977, est construit un nouveau pont, en béton armé, plus large et plus long. Il préserve la possibilité de faire passer une autoroute en dessous du pont, autoroute qui n'est plus à l'ordre du jour désormais.

En quoi le nouveau pont est-il plus long que l'ancien ?

photomontage : le vieux pont maçonné superposé au nouveau                                 vue en coupe des ponts : en orange, le vieux pont; en bleu, le pont neuf ; en vert, la pénétrante

En quoi le nouveau pont est-il plus large ?



vue de dessus : en orange, le vieux pont et en bleu, le pont neuf

A la place de la pénétrante, trône aujourd'hui une scène de théâtre, mise en place par la compagnie Coma Teatro, dans le cadre des "lieux nantais à réinventer". Des animations s'y succèdent régulièrement dans l'année. Elle est également squattée par les personnes sans domicile fixe.

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